La chirurgie esthétique fait son cinéma

N’y voyez pas une allusion à l’ouverture du festival de Cannes. Même si la polémique sur l’affiche retouchée de ce festival a montré que dans le cinéma la question des modifications de la silhouette était un vrai sujet, ici je ne voulais vous parler que de Marion Cottillard.

Pour le coup, l’actrice a une vraie prise de position sur le recours aux produits ou aux solutions chirurgicales de rajeunissement. Elle vient en effet de déclarer pour la deuxième fois(la dernière fois c’était en 2012) qu’elle ne se ferait jamais injecter de produit pour atténuer ses rides(comprenez le Botox) : preuve qu’il s’agit d’une vraie conviction que l’âge avec ses vicissitudes ne remet pas en question.

Si la position de Marion Cotillard est intéressante, c’est aussi parce qu’elle admet que le cinéma agit comme une loupe géante. La caméra à un pouvoir d’intrusion dans cette intimité qu’est le visage et même si le maquillage existe, la caméra a la puissance de révéler des choses, le grain de peau, les lignes faibles, et bien entendu les rides.
Au fond, ce que l’on peut comprendre de ce que dit la femme de Guillaume Canet, c’est qu’après tout un cinéma authentique voudra « utiliser » l’acteur avec ce qu’il est, c’est-à-dire y compris avec ses rides.

Ce n’est évidemment pas une position partagée par tous les acteurs. Les comédiens américains sont par exemple très à l’aise avec l’idée de subir des interventions. Il suffit pour s’en convaincre de voir des avant-après de stars comme Sylvester Stallone.

Mais c’est parce que les américains ont une relation très obsessionnelle avec la performance et qu’ils considèrent simplement que la chirurgie est un moyen comme un autre d’être toujours au top(c’est-à-dire utile, appelable par un réalisateur) et que par ailleurs les USA sont le premier consommateur mondial en la matière.

L’actrice française(qui d’ailleurs a tourné aux Etats-Unis et n’a pas cédé aux sirènes du bistouri) dit également qu’elle a de bons gènes et que pour l’instant le vieillissement ne se voit pas trop sur elle.

Elle a 41 ans. On sait bien que d’autres femmes, et donc pas seulement des actrices, sont moins chanceuses. Celles qui sont bien obligées de passer par une chirurgie esthétique à l’étranger parce qu’elles ont moins de moyens et qui dans leur monde, elles aussi, se sentent en concurrence et qui n’ont pas forcément été mieux dotées par la nature.

Et c’est là un constat qui vaut uniquement pour les disgrâces de l’âge perceptibles au niveau du visage. Mais aujourd’hui dans un monde qui raidit sa position à l’endroit des apparences, il faut aussi que les femmes prennent soin de leurs poitrines, et c’est le passage par un lifting des seins ou l’une ou l’autre de ces interventions de chirurgie esthétique mammaire qui permettent de faire durer le sentiment vif de sa féminité pour soi et pour un compagnon, un mari ou une concubine.

Alors peut-être que les déclarations de celle qui concourt à Cannes pour le film Les fantômes d’Is­maël  pourront rassurer d’autres femmes qui se posent des questions, qui ont envie de sauter le pas et qui se diront que ce n’est pas forcément la peine, si la chirurgie esthétique n’est pas indispensable.