Pirater l’intimité chirurgicale des gens connus

On entend dire assez souvent que la chirurgie esthétique n’est plus tabou. On dit qu’elle se démocratise, que c’est une manière légitime de regagner de la confiance en soi.
Pourtant des gens continuent de voler des photos de personnes connues dans des cliniques.
Le fait d’actualité : Des hackeurs auraient volé des photos de patients célèbres détenues par une clinique de chirurgie esthétique à Londres.
Incroyable, minable ? Ce n’est pas la première fois. Mais en s’attaquant à des célébrités(il s’agirait de personnes de l’entourage de la reine), ces hackeurs soulignent le fait que la chirurgie esthétique ce n’est pas encore si banal que ça puisque la démonstration de son existence peut générer tout à la fois un scandale et une occasion potentielle de s’enrichir.
Dans le détail, on nous dit que les photos dérobées montrent les parties génitales des personnes concernées en gros plan et qu’à l’heure actuelle aucune rançon n’a été demandée à cette clinique-c’est la London Bridge Plastic Surgery.
C’est fou. La détention de ces documents crée quasiment la même situation que l’affaire des Panama Papers, c’est-à-dire que cette histoire de photos d’augmentation mammaire volées ressemble à celle d’une histoire de vol de preuves d’évasion fiscale.
On pourrait forcer le trait et se dire la chose suivante. En plus du tabou, cette histoire pourrait nous dire que la chirurgie plastique est affaire de gens riches, que les gens qui ont le pouvoir(même dans sa forme symbolique) ont décidément plus envie de s’occuper d’eux-mêmes que des autres.
C’est tout à la fois une manière de dire que leur individualisme est immodéré et qu’ils sont finalement assez désinvoltes et légers. Oui, comprenons bien : renvoyer le détenteur d’une autorité à une personne futile et légère soucieuse de sa forme plastique et y dépensant des fortunes, c’est dire que son autorité n’est pas du tout légitime.
Quoi, avoir le pouvoir mais s’occuper de la taille de ses seins et pour cela ne pas reculer devant les prix de cliniques de célébrité nichées dans la très chère capitale anglaise ?
Vous voyez où est le tabou ? C’est le ballon qui devient baudruche. Ce ne sont rien d’autres que des narcisses à qui on a offert par hérédité, suffrage ou cooptation des bâtons de majesté, dont on devrait respecter l’autorité sociale, et qui ne sont en réalité que de vulgaires petites stars amoureuses de leur esthétique.